Habitudes, croyances, famille, relations, couple, enfants, interdits, études, travail, argent, réussite, opinions politiques, culture, religion… et tellement, tellement plus !
Les questions de loyauté se retrouvent potentiellement dans tous les pans de notre vie, à tous les niveaux. Et avec elles, en creux, les questions de déloyauté.
J’ai beaucoup interrogé cette dualité loyauté / déloyauté, autant dans mon propre parcours qu’avec mes clientes. Et je constate qu’elle n’est jamais bien loin sous la surface. Ce n’est pas pour rien que je me suis intéressée à la psychogénéalogie !
Je t’invite à explorer ce qu’il y a derrière la notion de loyauté. Comment chaque groupe crée ses propres règles, et donc les critères pour d’potentielle déloyauté à venir. Pour finir je t’inviterais à revenir à toi-même pour porter un autre regard et créer une autre relation à la loyauté.
Ce texte est la retranscription d’un épisode du podcast Etre soi au féminin.
Tu peux y accéder ici si tu préfères écouter la version audio !
Qu’est-ce que la loyauté ?
« Les loyautés. Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants -, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires.
Ce sont les lois de l’enfance qui sommeillent à l’intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans.
Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves ». Delphine de Vigan – Les loyautés
Voilà… tout y est ! Je pourrais m’arrêter là !
La loyauté est comme un pacte, un contrat plus ou moins conscient, qui est passé entre les membres d’un groupe, d’un système. Qui dit contrat dit règles et respect des règles. Etre loyale, c’est donc respecter les termes du contrat.
La loyauté parle d’engagement, de fidélité et d’appartenance : je respecte les règles du groupe auquel j’appartiens, je lui prouve ainsi ma loyauté, ma fidélité et en retour j’ai ma place dans ce groupe.
Elle parle donc aussi de reproduction, puisqu’il s’agit de se conformer à un certain schéma, même si certaines nuances sont admises. Dans le cas contraire, je romps le contrat et je sors du « système ». Je m’en exclus moi-même ou les autres s’en chargeront à ma place.
Chaque groupe crée ses propres règles
Le groupe, c’est d’abord la famille au sens large. Les vivants comme les morts, les inconnus tout autant que les plus intimes.
Ca peut être aussi un duo, un trio, un sous-groupe… par exemple la relation parents / enfants, mère / fille, mère / fils, le couple.
Et aussi… les relations amicales, l’entreprise au sens large, une relation hiérarchique.
Un pays, parfois plusieurs pour les personnes qui ont quitté leur pays d’origine, avec souvent une tension forte entre terre d’accueil et terre natale, et tout ce que cela implique en termes de repères culturels, de modes de vie….
Il n’y a pas de standard en matière de règles ! Chaque groupe crée les siennes propres, en fonction de son histoire, de ses valeurs… La loyauté et la déloyauté se tissent à partir de critères propres à chaque famille, chaque personne.
C’est comme ça qu’on va avoir des générations de médecins, de professeurs… des familles « de gauche » ou « de droite ».
Ca peut être un vrai choix, ou une forme de loyauté. Parfois un peu des deux. Et tout choix différent peut être vécu comme une vraie rupture, une sorte de trahison.
Etudiante, j’ai fait deux de mes 3 stages dans l’automobile, et j’y ai trouvé mon premier emploi… sans l’avoir vraiment choisi. Ca n’était franchement le secteur que j’aurais souhaité, loin de là… mais c’était l’univers dans lequel quasiment toute ma a travaillé : mon grand-père paternel, qui a même créé l’un des premiers garages quand la voiture s’est développée, mon père, 3 de mes oncles, plus tard ma mère. Ca ne m’a pas échappé à l’époque, et aujourd’hui j’y vois clairement une forme de loyauté.
La répétition peut être plus subtile. Un enfant peut s’interdire de faire mieux que ses parents : études, carrière, vie amoureuse…
Gagner beaucoup d’argent, créer une relation de couple durable et harmonieuse, peut aussi être vécue comme une forme de déloyauté. Une fille qui a vu sa mère malheureuse dans son couple va consacrer toute son énergie à sa carrière professionnelle. Elle se désinvestit de toute relation pour ne pas risquer… de réussir là où sa mère a échoué.
Le terme de loyauté est toujours présenté comme une qualité, une vertu, et est donc valorisée.
D’où ce sentiment de déloyauté, de trahison, quand j’agis, je pense différemment, à partir de mes propres règles.
C’est quoi être déloyale ?
Je me sens déloyale ou les autres me trouvent déloyale quand je m’éloigne de mon groupe et que je ne respecte plus les règles fixées. Je m’exclus d’une certaine manière, et cette rupture plus ou moins radicale génère une forme de malaise, un mélange complexe de culpabilité, de honte, de tristesse et de colère… même si je sais que je suis mon chemin et que c’est juste.
Je peux avoir la sensation d’être infidèle, de trahir les autres, de ne plus les aimer… et de me trahir moi-même.
C’est un peu comme si j’avais besoin de m’ajuster à un nouveau standard, de trouver un équilibre en m’alignant à de nouvelles règles que je fixe moi-même, et de me construire une nouvelle identité. Et c’est parfois un long chemin !
Je ne parle pas d’une déloyauté en mode rébellion, du genre « allez tous vous faire voir, de toute façon je fais ce que je veux ». Dans ce cas la loyauté n’est pas mon sujet… mais elle peut l’être pour les autres qui se sentent reniés, rejetés, sans rien comprendre, et d’autant plus que je m’affirme avec violence.
Pourtant je ne suis pas certaine qu’on puisse vraiment faire l’économie, à un moment ou un autre, de cette question et de la culpabilité qui va avec.
Une de mes anciennes collègues qui vit à Paris retourne régulièrement voir ses parents dans le Sud. Elle me dit qu’elle ne leur parle pas vraiment de sa vie, qu’ils ne comprendraient pas. Comme si avec son très bon salaire, ses fréquentations, ses sorties… elle avait changé de monde et créé une sorte de barrière.
Je ne ressens aucune culpabilité de sa part, par contre elle s’interdit de montrer ouvertement à quel point sa vie n’a rien à voir avec celle de ses parents.
Annie Ernaux, Edouard Louis ont beaucoup écrit sur ce sentiment d’être des « transfuges de classe ». Transfuge, le mot est fort : trahir une cause et passer à l’ennemi. Il dit bien la charge qu’il peut y avoir derrière ce ressenti de déloyauté.
Personnellement j’ai fait acte de déloyauté quand l’entité du groupe automobile dans laquelle je travaillais a fermé. Le DRH m’a fait comprendre très clairement que j’allais payer très cher le fait d’avoir participé, moi, salariée cadre, à une réunion d’information et de revendication initiée par des salariés non cadres.
Je n’étais pas à ma place en soutenant ouvertement mes collègues, j’avais trahi l’entreprise en quelque sorte… et donc je ne serais pas reclassée dans le groupe, pour mon plus grand bonheur puisque j’avais décidé justement de changer de secteur ! La lutte des classes jusque dans l’entreprise.
Sortir de la dualité et revenir à la loyauté vis-à-vis de toi-même
Beaucoup de nos « loyautés » proviennent de notre famille et de notre généalogie, et une bonne part peut rester inconsciente. C’est un peu comme si nous les avions absorbées… jusqu’à ce qu’un jour, éventuellement, nous les remettions en cause, tout simplement parce que nous évoluons.
Est-ce que ça m’appartient vraiment ? Est-ce que c’est vraiment qui je suis, moi, maintenant ?
Là, nous avons le choix : celui de nous forcer à rester loyale, ce qui revient à nous mentir à nous-même et de mentir aux autres en maintenant le contrat.
Ce mensonge, est-ce vraiment de la loyauté ? Une loyauté à qui ? Et pour quelles raisons ? Pour ne pas perdre la face et être jugée « déloyale » ? Par peur ?
Etre « déloyale », ce n’est pas nécessairement une trahison. Ce n’est pas trahir l’autre ni trahir ta parole.
Ou plutôt, c’est « une trahison nécessaire qu’il faut traverser et dépasser pour s’affirmer », comme le dit Claire Marin dans La relève.
C’est au contraire être dans ta pleine souveraineté et venir réinterroger chacun de tes engagements afin de déterminer s’ils te correspondent toujours. C’est une démarche d’une grande honnêteté, pour toi et pour l’autre.
La première des loyautés, c’est d’abord d’être loyale vis-à-vis de toi-même et de t’engager pour toi. Parce que personne d’autre que toi ne peut le faire pour toi. Y compris lorsque ça implique de rompre avec certaines croyances, certaines pratiques, voir même certaines personnes.
Oui, l’extérieur peut se sentir déstabilisé, le prendre mal, et il en faut parfois très peu tant les habitudes sont bien ancrées : pourquoi les remettre en cause ? Il peut se faire un malin plaisir de remuer le couteau dans la plaie et de pointer ta « déloyauté », ton infidélité, pour te culpabiliser.
La loyauté est un choix assumé, ce n’est pas une prison ni un enfermement. Si c’est le cas, je parie que tu aurais tout à gagner à réinterroger ce choix.
Est-ce qu’il y a un prix à payer à être « déloyale » ?
J’ai envie de retourner la question : quel est le prix à payer à être « loyale » à tout prix et à te conformer à quelque chose qui ne te convient pas, et qui ne convient peut-être même pas aux autres d’ailleurs ?
Atelier en ligne le 03 novembre
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Un espace pour mettre en lumière ton monde intérieur et nettoyer tes lunettes avant d’ouvrir un nouveau champ de vision.